par Jose Luis Rojo
- Index
1. Présentation
2. L'instrument
3. Le tempérament du manche et de la hauteur du La
4. Cordes
5. Technique de la main droite
6. Technique de la main gauche
7. Accordage
7.1. Accordage "Renaissance" (vieux ton)
7.2. Accordage "transitoire" (Accords nouveaux)
7.3. Accordage "baroque", basé sur l'accord de ré mineur
8. Tablatures et ornementation
8.1. Les Tablatures
8.2. L'ornementation
9. Transcriptions
9.1. Transcription des tablatures de la Renaissance
9.2. Transcription des tablatures "transitoires"
9.3. Transcription des tablatures baroques
10. Weiss pour les guitaristes
10.1. Annexe I: Tableau d'accordages de transition
10.2. Annexe II: Exemple d'une transcription
1. Présentation
Ce n'est pas notre intention dans ce bref travail, recommander ou défendre le fait de jouer de la musique pour luth dans la guitare. Actuellement les grands virtuoses de la guitare se consacrent en général au répertoire spécifiquement guitaristique. Parallèlement le nombre de luthistes et de luthiers a augmenté. Cette bifurcation était un fait qui se produirait tôt ou tard.
La fascination par le répertoire du luth ne découle pas seulement par la grande quantité de musique existante, mais surtout par sa qualité indubitable. D'un autre côté, dans l'enseignement de la guitare il s’avère être indispensable de jouer des pièces de luth de la première moitié du XVIe siècle pour pratiquer la polyphonie, de la mélodie accompagnée et de formes plus complexes comme la fugue.
Les indications ici fournies sont d'une logique simple et ont été prouvées par l'expérience sur des années de pratique en jouant de la musique pour luth sur la guitare, d'abord sur une guitare à 6 cordes puis dès 1999 sur une guitare de 10 cordes.
Notre intention n'est pas d'influer sur le gout personnel ou dans la manière de jouer ce répertoire pour la guitare, mais d'apporter les éléments historicomusicaux et techniques qui permettront au guitariste de les utiliser comme outils dans ses décisions.
Nous n'entrerons pas non plus dans la connue polémique du purisme dans l'interprétation de la musique antique.
L'exemple suivant nous montrera le relatif de cela : dans une interview à Robert Barto (l'un des meilleurs interprètes actuels du luth baroque), celui-ci a commenté que pour les premiers ordres du luth il utilisait des cordes en “nylon”. Un nylon ? ... personne ne le dirait en écoutant Barto! Avec ce constat on peut exclure que les cordes en nylon « sonnent comme du plastique » ou que jouer avec des ongles sonne affreux. Cependant, Barto joue sur des copies d'instruments anciens et utilise même des cordes de boyau pour d'autres ordres, mais tenons-en compte que les premiers sont plus révélateurs au niveau mélodique.
2. L'instrument
Le binôme clé-piano n'est pas comparable au binôme luth-guitare par quelque chose aussi évident que le procédé d'obtention sonore, lequel est différente dans le premier cas et égale dans le second:
- clavecin-piano : corde pincée contre corde frappée
Luth-guitare: Cordes pincés et Cordes pincés
Les luths sont des instruments extraordinairement légers et leur son de caractère intime provient de cette caractéristique. L'instrument joue un rôle important, spécialement en ce qui concerne la légèreté de sa construction. Naturellement, les guitares de construction légères sont plus adaptées à l’interpréter de la musique antique.
En ce qui concerne le bois de fond et des éclisses, la majorité des constructeurs offrent l'alternative du palissandre du Brésil ou de l'Inde. Le premier, d'une plus grande densité produit un son plus cristallin. Quelque chose de semblable succède avec les tables en sapin et en cèdre. Sur cela de longs débats ont été effectués, mais finalement il semblerait être une question de goût personnel.
Quant au diapason ou longueur de la corde vibrante, si l’on utilise de longs diapasons, on ne parviendra pas à réaliser certaines positions communes dans le luth Renaissance, puisque cet instrument a un diapason beaucoup plus court. En particulier dans la musique polyphonique est dans sa période précoce et intermédiaire.
Le diapason de 650 mm est intermédiaire entre le plus petit luth de la renaissance et les plus grands luths du baroque. (Coïncide avec des luths de 10 cordes, utilisés pour jouer de la musique de la période de transition entre les deux styles de musique). Il s'agit d'une option flexible dans lequel une guitare permettra de jouer de la musique de différentes époques.
En ce qui concerne l'utilisation des "capos mécaniques", de manière à raccourcir le diapason de la guitare pour s’approcher du diapason du luth de la Renaissance en Sol, nous avons testé des capos en bois, plastique, métal, etc ... et nous n'avons pas été satisfaits par l’accordage ni par la clarté sonore, d’après notre niveau d’exigence, de sorte que nous avons cessé de les utiliser.
Les guitaristes intéressés à jouer de la musique pour luth après 1600, devraient envisager la possibilité d'utiliser une guitare à dix cordes. Le passage à la guitare 10 cordes est facile, mais nécessite quelques précautions au début:
- La rééducation du pouce sur les déplacements précis dans le registre grave
- Contrôle de résonance des cordes à vide. Il est opportun de muter les basses à chaque fois qu’on est en présence d’une modulation ou changement d’accord (harmonie).
Ici, nous vous montrons le luth à travers quelques images1 3. Le tempérament du manche et de la hauteur du La
Dans le luth il est possible de changer le tempérament du manche, parce que celui-ci permet de déplacer les barrettes/frettes du manche, mais à la guitare nous sommes limités au tempérament égal. Les frettes amovibles du Luth sont des filaments de boyau attachés au manche. Dans l'illustration ci-dessous on peut voir les nœuds sur le côté droit du manche. Pour plus de détails, consultez ce document qui nous montre la procédure de frettage d’un luth avec du fil en nylon par Gwendal Le Corre2. Plus l'on joue de la musique pour luth se rapprochant de notre époque, plus l'on s'éloigne des tempéraments utilisés par les luthistes de la Renaissance, généralement mésotoniques1. En d'autres termes, plus la musique est ancienne plus elle est éloignée du tempérament égal que nous utilisons actuellement.
Dans le luth baroque, le tempérament égal est souvent utilisé, étant donné que les modulations s’éloignent beaucoup de la tonalité de base de l’œuvre.
La hauteur de référence du « La » (440hz) était plus bas qu'à l'heure actuelle, 415 Hz ou moins. En fait il y avait une limitation, celle de la résistance des cordes, généralement boyau. (Les cordes en métal étaient employées sur des instruments à caractère folkloriques comme l’orpharion).
4. Cordes
Le luth de la Renaissance utilisé des cordes doubles accordées à l'unisson ou à l’octave, à l’exception de la première corde qui était simple (bien qu'il y avait aussi des luths avec la première corde double). La paire de cordes étaient jouées (actionnées) par un seul mouvement du doigt correspondant de la main droite.
Dans le luth baroque, les deux premières cordes sont simples. Sur la figure suivante1, on peut voir que les deux premières cordes sont simples, puis les 3 suivantes doubles accordés à l’unisson, et les restantes sont aussi doubles, accordés à l’octave, excepté les basses en dehors du manche. La première moitié du XVIe siècle a été marquée par le luth à 6 ordres (et la vihuela en Espagne). Puis, de luths à 7, 8, 9 et 10 ordres apparaitront progressivement jusqu’aux premières décennies de 1600 où le luth à 10 ordres fait sont apparaissons, période de transition entre la Renaissance et le Baroque.
Un changement substantiel de l’accordage se fera avec le premier luth baroque à 11 ordres, celui-ci évoluera jusqu’à 13 ordres. Parallèlement existaient des instruments avec un numéro supérieur de cordes comme le téorbe, utilisés principalement dans l’exécution de la basse continue.
Les cordes à tension forte ne sont pas adaptées pour jouer de la musique pour luth. Les tensions élevées sur le luth sont encore loin de ce que l'on appelle guitare basse tension. Les aigus produits par les cordes tendues sont trop «durs», tandis que les cordes de haute tension graves produisent des basses de courte durée et à faible profondeur.
Les fréquents ornements de la musique pour luth s’effectuent plus facilement sur les cordes à basse tension.
Le "Nylon" a une faible densité par rapport aux cordes en boyau naturel des luths. À l'autre extrême se trouvent les cordes en fibres de carbone, qui sont les plus denses.
Cependant, il y a un mélange de nylon et de fibre de carbone appelé «Nylgut" (nyl = nylon, gut = boyau) qui imite la densité du boyau naturel. Ces cordes sont utilisées par certains luthistes, comme alternative aux cordes en boyau naturel.
Ce qui suit est le résultat d'une expérience personnelle (et aussi du gout personnel), il devrait être considéré comme relatif:
La maison traditionnelle italienne "Aquila" http://www.aquilacorde.com qui fabrique des cordes pour luth, a commencé dans le domaine de la guitare avec un jeu appelé «Alchemia" (6 cordes en deux tentions), d'une qualité et durée exceptionnelle.
Pour guitare de 7 à 10 cordes, il est possible d'utiliser celles du même artisan (Aquila) destiné pour le luth baroque (Wound D-Type), ces cordes que nous avons testées sont de meilleure qualité que celles fabriquées spécifiquement pour la guitare à 10 cordes.
Le fait de citer cet artisan, de renommé mondial, tout intérêt commercial est exclu de notre part.
5. Technique de la main droite
Afin d’obtenir le son intime du luth sur la guitare, il est préférable de restreindre l'utilisation de la technique du « buté » et de réduire autant que possible la longueur des ongles, ou jouer directement avec la pulpe du doigt.
Avec les ongles courts on obtient un son mixte Pulpe-ongle, la rencontre du doigt avec la corde se fera avec la pulpe et l’ongle en même temps. Le son produit est plus doux que celui produit par l’ongle uniquement. Toutefois, les guitaristes quand ils jouent en public doivent être constamment attentifs au volume de leurs instruments. Nous entendons par là que nos recommandations concernent les ongles ne sont pas toujours praticables.
La position de la main droite en diagonale par rapport aux cordes est la plus adéquate. C’est un compromis entre la position sensiblement horizontale du luth Renaissance et de celle de l'école de Tarrega qui était verticale. La position verticale (perpendiculaire aux cordes) apparait aussi sur des tableaux de la période baroque avec des instrumentistes jouent sur des luths de plus de 11 à 13 cordes.
Position de main droite horizontale - luth de la Renaissance3 Position de main droite verticale - luth baroque3 6. Technique de la main gauche
Nous trouvons qu'il est opportun de limiter l'utilisation du "vibrato". Le "vibrato" au luth n'est pas interdit, mais considérons-le simplement comme un ornement, qui sera utilisé à l'occasion pour mettre en évidence ou qui permettra de prolonger certaines notes.
Cette même considération peut être appliquée aussi dans le «portamento».
7. Accordage
Ce qu'était pour Vincenzo Galilei un simple «luth» pour nous aujourd'hui2 c’est un « luth de la renaissance » alors l’habituelle division entre les luths se fera de notre point de vue d’aujourd'hui.
Nous préférons penser que le luth était un instrument unique qui a évolué au fil du temps, s'adaptant aux besoins musicaux du moment. Cette évolution s'est produite de deux manières principales:
- L'augmentation du nombre de cordes (dans le grave)
Sur les changements dans la hauteur des cordes à vide.
- 1) Accordage "Renaissance" (le vieux ton)
2) Accordage "transitoire" (les nouveaux accords)
3) Accordage "baroque", basé sur l'accord de ré mineur
Voici, l’accordage le plus couramment utilisé pour luth de la Renaissance: Dans la transcription de la musique pour luth de la Renaissance existe un accord général afin de maintenir sur le manche de la guitare les positions écrites en tablature.
Cela est possible en baissant la troisième corde (sol) en fa #, ce qui rendra la guitare en un hypothétique "Lute en Mi." Ainsi, il est possible de lire directement la tablature transposée à la tierce mineure inférieure.
Inversement, si nous descendons d’une tierce mineure les 6 ordres du luth de la renaissance, nous obtenons l’accordage de la guitare avec la troisième corde en Fa#. Dès la seconde moitié du XVIe siècle (approx.) le nombre de cordes augmente, passent à 7, 8, 9 et 10, comme nous en avons déjà commenté. En Italie, l‘accordage "baroque" n’a pas été adopté, la continuité de l’accordage du luth de la Renaissance en ajoutant des cordes supplémentaires a été préférée. Un exemple intéressant se trouve dans l'œuvre de Zamboni (1674-1718), pour "archiluth" à 13 ordres, avec l’accordage de la renaissance. (Œuvre pour guitare publiée par Ut Orpheus, Italia http://www.utorpheus.com/home/home.php?l=it)
Afin de couvrir un large répertoire, les guitares à 8 ou 10 ordres offrent de meilleures possibilités. Il convient de noter que de nombreuses œuvres de grande qualité de la phase finale du luth de la renaissance sont conçues pour 10 ordres, cela nous amène beaucoup de difficultés à les adapter à la guitare à 6 cordes.
Un exemple d'excellence est l’œuvre de Michelagnolo Galilei (fils de Vincenzo et le frère de Galileo), dont on peut distinguer l’œuvre "Il Primo Libro d'Intavolatura di Liuto" (1620) (il existe une édition pour guitare publiée par Suvini Zerboni, Italie. Photos http://www.esz.it)
Un autre exemple notable est la vaste manuscrit «Seigneur Herbert de Cherbury" Existe un CD qui lui est dédié: Paul O'Dette - Lord Herbert de Lute livre de Cherbury - Harmonia Mundi HMT 7907068,
http://www.harmoniamundi.com/prod_frame ... tion=Spain
Et beaucoup d’autres...
7.2. Accordage "transitoire" (Accords nouveaux)
Le répertoire intéressant "de transition" entre le luth de la renaissance et luth baroque, ne peut pas être interprété non seulement à la guitare, mais encore moins sur le luth. Nul doute que les différents accordages, "Les accords nouveaux " sont le principal obstacle.
Cette forme d’accordage fait souvent appel à une utilisation intensive de la tessiture grave du luth à 10 ordres, il est donc problématique de restituer ses sons sur la guitare à 6 cordes. Une solution peut être trouvée en transposant la musique vers l’aigu, comme on le fait parfois dans les transcriptions de musique pour luth baroque.
Les œuvres de ce répertoire sont dispersées dans différents livres et manuscrits. Certains auteurs connus pour leurs travaux pour luth baroque à 11 ordres ont écrit à ses débuts des œuvres avec des accordages « transitoires » comme Mézangeau ou Dufaut.
Sur d’autres livres, on trouve des accordages de transition mélangés avec des pièces écrites pour le luth avec accordage traditionnel de la renaissance, comme dans le « Margaret Board Lute Book» ou le «Lord Herbert of Cherbury Lute Book », deux références les plus importantes du répertoire anglais.
Des livres qui contiennent dans la totalité des pièces avec accordage de transition on peut citer le manuscrit "Panmure 5" (c. 1630) - National Library of Scotland, MS 9452. Celui-ci contient la musique en grande partie attribuée à René de Mesangeau luthiste parisien qui est censé avoir été écrit comme un livre d'exercices pour un étudiant écossais, qui l’amènera à son retour en Écosse. Certaines des pièces sont à l'effigie du style écossais.
Un autre livre consacré à ce type d’accordage est le manuscrit de Lady Margaret Wemyss (1643). Margaret Wemyss était une jeune écossaise de santé fragile et vie courte, qui annotait ses poèmes et des pièces pour luth dans un livret, qui est maintenant connu comme « The Lady Margaret Wemyss Manuscript » (1643).
Une partie, des pièces sont écrites, sur la base des chansons écossaises, tandis que d'autres sur des thèmes des luthistes français de son temps. De ce livre nous détachons ses "Lilt", des ingénues et joyeuses danses écossaises Dans ce type d’accordage, on baisse généralement les 2e ou 3e premiers ordres du luth, gardant les ordres restant pareils. Par conséquent, une bonne partie des positions de la main gauche pourra être joué à la guitare (celle des ordres dont la hauteur ne change pas), mais pas pour les autres ordres, à moins que nous accordions aussi les 2e ou 3e premières cordes de la guitare avec la même proportion intervallaire. Dans ce dernier cas, nous pourrions lire directement la tablature, avec les mêmes positions de la main gauche sur toutes les cordes.
Les graves en dessous de la sixième corde seront accordés en harmonie avec l'armure/tonalité.
Les écarts en rapport avec l’accordage standard peuvent osciller du demi-ton jusqu’à 2 tons, ces changements seront considérés comme acceptables sans changer de cordes et sont en fait bien communs à la guitare: La sixième corde s’accorde souvent en Ré (D) ou Fa (F) la cinquième en Sol (G) et la troisième en Fa# (F#) etc., mais avec des écarts plus importants des problèmes peuvent surgir au niveau de la clarté des notes. En général, il existe deux types d’accordages:
- Les accordages appelés génériquement «sharp» pour jouer des morceaux dans des tons avec un bémol, sans altérations ou avec des dièses.
- Les accordages appelés génériquement « flat » pour jouer des morceaux avec deux bémols au plus.
Pour transposer ce genre de musique à la guitare de manière pas trop compliquée et sans trop changer l’accordage, on peut utiliser :
- Accorder la troisième corde, Sol en Fa# (F #) pour les tonalités supérieures à deux dièses.
- Puis l’accordage normal pour les restantes tonalités sans altérations ou avec des bémols.
Un exemple bref, mais très beau, ce sont les pièces jouées par J. Lindberg dans son CD de musiques écossaises et françaises, extraites du « Panmure 5 (c.1630) et « Lady Margaret Wemyss » (1643) par Jakob Lindberg - Lute Music from Scotland and France - BIS-CD-201, http://www.bis.se
7.3. Accordage "baroque", basé sur l'accord de ré mineur
Le luth baroque est accordé sur la base de l’accord de Ré mineur et ces principales versions furent les luths à 11 et 13 ordres. Généralement l’accordage normal de la guitare permet de jouer les pièces pour luth baroque, mais pour certains cas on peut utiliser l’accordage de la troisième corde (sol) en Fa#. Certaines versions de la quatrième suite pour luth (mi majeur) de Bach ont été réalisées avec cet accordage.
Ce qui concerne la musique pour luth baroque, il existe une relation inverse entre le luth baroque et guitare due principalement à la différence d’accordage des deux. Donc, les tonalités «idiomatiques» pour le luth sont les moins «idiomatiques» pour la guitare.
Puisqu’on ne peut pas garder les positions sur le manche, les guitaristes gardent les tonalités originales sur les cas possibles, puis transposent la musique vers la tonalité la plus proche en fonction de la guitare. Nous insistons sur le fait de transposer la musique vers une tonalité proche parce que les transpositions trop éloignées peuvent déplacer les œuvres trop dans l’aigu ou dans le grave et ajouter de nouveaux problèmes techniques. Dans les morceaux originaux pour luth, les tonalités de Fa majeur et celles avec 2, 3 et 4 bémols, sont les principales tonalités le plus difficiles à jouer à la guitare, alors pour jouer ces morceaux à la guitare la transposition est indispensable dans la majorité des cas.
Il est particulièrement difficile la tonalité de Fa majeur, même transposée. En fait, cette tonalité a été parfois conservée par certaines éditions, tandis que d'autres ont choisi de la transposer à la tierce supérieure « La majeure », d'autant plus que l’œuvre dans cette tonalité permet de conserver l’ambitus total de l’œuvre sur une guitare de six cordes, mais le décalage trop important vers l’aigu ajouta des de nouvelles difficultés.
Une attention particulière est nécessaire afin d’éviter de transposer une œuvre toujours dans les deux ou trois tonalités le plus brillantes de la guitare.
En tant qu’exemple de tonalités "amicales" pour la guitare, nous allons concentrer notre attention sur les 10 tonalités de l'ouvrage de M. Galilei « Il Primo Libro d’Intavolatura di Liuto » (1620), dans lequel les parties sont regroupées, en mode de "Sonates". Une fois « traduites » à la guitare nous obtenons les tonalités allant de Ré mineur (1 bémol) jusqu’à Mi majeur (4 dièses), y compris toutes les tonalités majeures et mineures intermédiaires. Ceci serait le «minimum de variété tonal » à proposer.
[table=width:50%;border:1px solid #cccccc;]Tableau des tonalités M. Galilei[tr=text-align: center;][td=border: 1px solid #cccccc;]1 bémol[/td][td=border: 1px solid #cccccc;]0 alterations[/td][td=border: 1px solid #cccccc;]1 dièse[/td][td=border: 1px solid #cccccc;]2 dièse[/td][td=border: 1px solid #cccccc;]3 dièse[/td][td=border: 1px solid #cccccc;]4 dièse[/td][/tr]
[tr=text-align: center;][td=border: 1px solid #cccccc;]-[/td][td=border: 1px solid #cccccc;]Do majeur[/td][td=border: 1px solid #cccccc;]Sol majeur[/td][td=border: 1px solid #cccccc;]Ré majeur[/td][td=border: 1px solid #cccccc;]La majeur[/td][td=border: 1px solid #cccccc;]Mi majeur[/td][/tr]
[tr=text-align: center;][td=border: 1px solid #cccccc;]Ré mineur[/td][td=border: 1px solid #cccccc;]La mineur[/td][td=border: 1px solid #cccccc;]Mi mineur[/td][td=border: 1px solid #cccccc;]Si mineur[/td][td=border: 1px solid #cccccc;]Fa# mineur[/td][td=border: 1px solid #cccccc;]-[/td][/tr][/table]
8. Tablatures et ornementation
8.1. Les Tablatures
Si nous avons une compréhension claire des différents accordages, nous pouvons facilement transcrire la musique en notation moderne ou même lire directement la tablature, ce qui n'est pas particulièrement difficile et infiniment moins pénible, en raison du grand nombre d'heures qui peuvent nécessiter une transcription soignée de notes.
Notre intention n'est pas de comprendre tous les détails des tablatures (système de notation pour la musique de luth, dont nous supposons que le lecteur a déjà pris connaissance), mais se concentrer davantage sur le problème de la «transcription» à la guitare.
Nous dirons seulement que c'est un système qui représente les 6 premiers ordres avec un hexagramme et sur ce dernier des chiffres ou des lettres indiquant les cases du manche. Les lettres ou les chiffres peuvent être sur les lignes ou de travers sur les lignes.
Le système avec des chiffres correspondait soi-disant à la «tablature italienne» et «Espagnole» et le système avec des lettres était connu comme celui de la «tablature française »
Sur les exemples ci-dessus « les accordages » nous pouvons voir comment sont représentés les ordres des cordes (7) à (10): Avec de petites lignes supplémentaires semblables à des notes de musique sous la portée. Les ordres (11) à (13) sont représentés par les numéros 4, 5 et 6 (pour éviter d'écrire quatre ou plusieurs lignes supplémentaires, ce qui serait difficile à lire).
Avec des chiffres: 0 = corde à vide, 1 = première case du manche, 2 = deuxième case, etc.
4 Avec des lettres: a = cordes à vide, b = première case, c = deuxième case, etc. Tablature française: Il s'agit d'un livre imprimé. Voir ce qui est dit à ce sujet dans "ornementation"
Pour éviter toute confusion, la lettre « j » n’est pas utilisée, donc on passe directement du « i » au « k ». Pour la même raison, dans la tablature avec des numéros, lorsqu’on arrive à la dixième case le chiffre 10 n’est pas employé, mais « X » en chiffre romain.
La durée des notes est représentée par les figures de rythme en haut de l’hexagramme sur les chiffres ou sur les lettres. Dans les séquences qui n’ont pas d’indications rythmiques, la valeur précédente est la même pour tout le fragment
Un exemple d’une édition moderne de tablature française, réalisé par un logiciel. À propos du "logiciel" pour faire des tablatures, celui-ci est similaire à celui qui permet de faire des partitions en solfège. Actuellement des tablatures sont écrites, aussi bien que pour la publication que pour un usage personnel, en cause, beaucoup de facsimilés ne soient pas suffisamment lisibles pour faire de la lecture à vue.
Pour les guitaristes le programme "Django5" est de spécial intérêt par sa capacité à générer des transcriptions automatiques en notation moderne. Il n’est pas capable de séparer les différentes voix avec précision, comme on le ferait avec un éditeur de partitions, mais pour des raisons pratiques, les partitions sont lisibles pour la lecture directe.
En Allemagne a été utilisé un "alphabet" ou système de symboles individuels pour chaque note, qui est tombé en désuétude après la première moitié du XVIe siècle, celui-ci a été remplacé par tablature française.
La règle générale était de tenir les notes autant que possible. Finalement, la polyphonie dessoulée dépendait des possibilités de l'instrument et l'interprète. Il est très difficile de saisir la polyphonie en lecture à vue de la tablature, sauf si vous avez une grande expérience en lecture dans ce genre de tablature.
Par conséquent, les transcriptions en notation moderne seront toujours un peu «théoriques» bien que suffisantes pour les besoins de l'interprétation.
8.2. L'ornementation
Alors que de nombreux symboles de l'ornementation où aucune trace écrite à son sens a survécu, de l’autre côté on trouve des explications détaillées dans les introductions des livres de luth.
L'imprimerie naissante n'avait pas à sa disposition les caractères pour tous les signes d'ornementation, alors la présence de ces signes sur les partitions est rare. Mais il y en a aussi des manuscrits sans symboles d’ornementation. Ils étaient considérés comme usage professionnel et n'y avaient pas besoin de l’écrire. Ces manuscrits "professionnels" sont généralement très austères par rapport aux manuscrits riches qui se trouvaient dans les maisons de la noblesse.
On doit prendre en compte le contexte dans lequel un symbole de l'ornementation se trouve pour faire une appoggiature, semi-trille, trille, etc. ou bien de ne pas le faire du tout. Sur certains morceaux jouer tous les signes d’ornementation écrits peut devenir vite insupportable, d’après notre gout actuel.
Une étude approfondie de l’ornementation sur le luth peut être trouvée à l'adresse: Http://www.lutesoc. co.uk LUTE SOCIETY BOOKLETS No.5 Lute Playing Technique
9. Transcriptions
Nous supposons que toutes les transcriptions seront réalisées pour le système normal de notation pour guitare, c'est à dire en une seule portée en clef de Sol baissé d’une octave.
Très souvent nous trouvons de la musique pour Lute transcrite pour clavier, qui sert à des fins musicologiques, mais pas comme partition à jouer. Transcrire à partir de ces partitions pour clavier ne nécessite pas beaucoup d'explication puisqu’elles sont déjà écrites dans le même format de la notation musicale moderne. Il suffit donc de garder à l'esprit que les notes de deux portés (clefs de Sol et Fa) sont à la hauteur réelle du luth, tandis que la notation pour la guitare est écrite une octave plus basse, d'où le petit "8" écrit à l'extrémité inférieure du symbole de la clef de Sol. Ces éditions incluent deux lignes:
1) Partition "clavier" pour les musicologues
2) Tablature moderne pour luth
Dans ce cas, nous pouvons choisir de transcrire directement à partir de la tablature ou la version pour clavier. D'autres éditions ajoutent une troisième ligne, comme on le voit dans l'exemple suivant: Cette collection comprend une ligne triple:
1) Tablature moderne pour luthistes
2) Partition pour clavier pour les musicologues
3) Partition guitare (Clef de Sol-8 baissé) pour les guitaristes
Le meilleur critère, proposer une fidélité maximale à l'original. Il est très utile d'avoir des transcriptions qui reflètent complètement l’œuvre, y compris ce qui n'est pas possible à la guitare. C’est à nous de décider comment jouer ces parties, ce qui rend l’arrangement personnel et original. Cela n'exclut pas les suggestions de l'éditeur.
Dans les tablatures originales existent des erreurs, bien évidemment. Beaucoup sont évidents, exemple: le «c» que l'auteur ou copiste a mis sur la corde (2) devrait être de la corde (3) Notez que Galilei, tout en utilisant la tablature française, conserve le style Italienne pour les basses: le chiffre «9» correspond à la corde (9) et la lettre "X" correspond à la corde (10).
D'autres fois, des modes de l’époque sont utilisés ce qui sonne étrange à nos oreilles aujourd'hui.
Dans ces cas, votre note sonnera tout aussi bien que mal si vous la changez ou si vous la laissez.
9.1. Transcription des tablatures de la Renaissance
Sont les plus faciles à réaliser à part la polyphonie et donc le travail de conduite des voix. Comme dit, il suffit d'écrire la note que produit la guitare dans la position indiquée par le numéro ou la lettre. N'oubliez pas que la corde trois (Sol), doit être accordé en Fa #, indépendamment si l’on souhaite ou pas conserver la corde trois en Fa#.
La première chose à faire est de déterminer le chiffrage et l'armure de la tonalité, la valeur relative des notes et le nombre de voix à utiliser. Dans ce dernier on doit rechercher un certain équilibre, utiliser une polyphonie de quatre voix ou plus sur un pentagramme devient vraiment lourd.
Comme exemple, nous allons utiliser un petit fragment de Galilei Michelagnolo, en particulier une « Volta » de son livre: On remarque dans cette tablature que les lettres se trouvent sur les lignes et non au-dessus.
Le « 9 » tout à droite de l’image est le numéro du morceau dans ce livre, rien à voir avec la musique. En bas de la mesure 6 le « 8 » un peu inclinée indique la corde 8, (Galilei a gardé le style italien pour les ordres (8) à (10)). Quant au « a » en bas à la fin de la mesure 5, il s’agit de l'ordre (7).
Chiffrage: avec les trois noires de la première, nous savons que c'est un 3/4
Tonalité: question préliminaire, si nous apercevons la note Fa#, on peut penser à des tonalités avec des dièses. Si nous apercevons des bémols, on peut penser à des tonalités avec bémols. Puis comme troisième possibilité les tonalités sans altérations (Do majeur et La mineur).
Pensons directement à une guitare accordée avec la troisième corde en Fa #.
Nous voyons:
- corde (3) avec la lettre "a" = F #
- la corde (2) avec la lettre "c" = Do#
- corde (3) avec la lettre "c" = Sol #
Nombre de voix: Si vous regardez l'avant-dernière mesure, on aperçoit que la pièce semble nécessiter trois voix, mais pour les restantes mesures, deux voix devraient suffire. Donc, pour des raisons pratiques, nous allons réaliser cette transcription à 2 voix.
Quoi qu'il en soit, regardons la mesure 7 à 3 voix: Maintenant, regardons toute la transcription à 2 voix: 9.2. Transcription des tablatures "transitoires"
D’abord, examinons les ordres qui ont été abaissés respectivement d'un demi-ton, d'un ton ou d’un ton et demi, etc ... ordres (1), (2) et parfois (3).
Il est fondamental d’appliquer la même baisse dans les cordes de la guitare. Par exemple, si le premier ordre d'un luth a baissé d’un ton, nous devons considérer la corde (1) de la guitare accordée en « Ré », de manière à ce que les notes des différentes cases du manche gardent les mêmes proportions.
Les notes se trouvent sur les autres ordres dont la hauteur ne change pas, le transcrire prendra le même procédé que celui utilisé pour les tablatures de la renaissance.
À titre d'exemple, nous allons utiliser un morceau avec l’accordage " sharp " le plus populaire. C’est le même accordage qui figure comme exemple dans le chapitre « Accordages », dans lequel on baisse l’ordre (1) d’un demi-ton et l'ordre (2) d’un ton.
Le fragment utilisé est tiré du manuscrit écossais Panmure 5, extraite de la publication en tablature moderne par Wayne Cripps: « Music in the Sharp Tuning » http://www.cs.dartmouth.edu/~wbc/lyre/Mes.html Nous devons faire attention à l’accordage des ordres qui ont changé. Corde 1 = Do#, Corde 2 = La
Les restants ordres demeurent inchangés par rapport à ce que nous savons déjà sur la transcription des tablatures de la Renaissance. Les symboles en forme de virgule "," sont des ornements que nous pouvons exécuter selon notre goût.
Mesure: Sur la première mesure nous avons 6 croches et sur la dernière 3 noir, c’est clairement du ¾.
Tonalité: Transcrivons directement pour une guitare avec la troisième corde accordée en Fa#. Nous voyons:
Corde (3) avec la lettre "a" = Fa#
Le fragment se termine en ré majeur
Dans ce fragment nous n'avons pas de Do# en vue, mais si l’on regardait toute la pièce, nous constaterions qu’il s’agit bien de la tonalité de Ré majeur.
Voix: 2 voix sont suffisantes. Comme la pièce transcrite est trop basse pour être joué sur une guitare moderne à six cordes, nous pouvons la transposer par exemple en Sol. 9.3. Transcription des tablatures baroques
Ici, nous n’avons que la solution douloureuse de la transcription « note à note », c'est à dire, qu’il faut connaitre parfaitement le manche du luth baroque, mais il existe quelques petites astuces qui peuvent fortement faciliter le travail. En réalité nous devons seulement connaitre les notes qui se trouvent sur une corde accordée en « Fa » (comme les autres cordes sont accordées en « Ré » et « La » cela facilitera considérablement la transcription puisque nous connaissons bien ces cordes sur la guitare)
En ce qui concerne les ordres accordés en « Fa » il est très facile de le transcrire, parce que nous connaissons très bien les notes de la corde (1) accordée en « Mi »
Les basses du luth, nous supposons qu'elles sont accordées selon la tonalité de l'armure, bien que la plupart du temps c’est indiqué dans la tablature, par un « incipit » informatif. Notons que:
Sur l’ordre (7) le « Sol » se situe sur un « Sol# » sur l'ordre (4), il est donc #
Sur l’ordre (8), le « Fa » se situe sur un « Fa #» sur l'ordre (4), il est donc #
Sur l’ordre (11), le « Do » se situe sur un « Do #» sur l'ordre (5) il est donc #
Alors nous nous trouvons dans la tonalité de La majeure ou Fa# mineure.
Regardons le début du «Rondeau» de la même suite. Chiffrage: 2/4, évidemment
Tonalité: La majeure avec les 3 dièses
Nombre de voix : deux devraient suffire Suite dès que j'ai le temps, je vous prie de corriger ou aider dans la traduction
Merci !
Souces
http://guitarra.artepulsado.com/guitarra/laud1.htm
1 - Images luth -Martin Shepherd http://www.luteshop.fsnet.co.uk
2 - Frettage d'un luth http://glcl.pagesperso-orange.fr/
3 - images- http://www.cs.dartmouth.edu/~wbc/lute/lute.htm
4 - intavolatvra di livto di Simone Molinaro lobro primo– Edición facsímil – SPES – Firenze
5 - http://musickshandmade.com/lute/
http://www.accordsnouveaux.ch/ Liste des morceau pour luth avec accords nouveaux.
Notes
1 - Mésotonique: "ton moyen". "Le tempérament mésotonique fait le maximum de compromis sur les quintes afin de se procurer le maximum de tierces pures par diminution des quintes d'un quart de comma syntonique." http://organ-au-logis.pagesperso-orange ... m.htm#Meso http://fr.wikipedia.org/wiki/Temp%C3%A9 ... 9sotonique
2 - Vicenzo Galiléi jouait du luth, comme Robert de Visée de la guitare (ou guittarre), comme Fernando Sor de la guitare, etc.
Tous seraient seraient étonnés d'apprendre qu'ils jouaient respectivement du luth renaissance, de la guitare baroque, et de la guitare romantique! Ce sont les historiens de l'art, des arts (donc de la musique) qui ont ajouté ces termes, bien plus tard...
Par exemple, s'agissant de la Renaissance, "l'historien français Lucien Fevbre a montré que c'est Jules Michelet qui a inventé le terme de Renaissance autour de 1840" [...] "le terme de Renaissance a été repris en 1860 par l'historien de l'art suisse Jacob Burckhardt (1818-1897) dans son livre Civilisation de la Renaissance en Italie."
Sources Wikipedia.Cadiz viewtopic.php?p=102001#p102001