- Biographie
Julián Gabino Arcas Lacal est né à Maria (Almería) le 25 octobre 1832. Son père, Pedro Arcas, était un bon guitariste amateur qui avait suivi le travail de Dionisio Aguado et de son école. Très vite, il apprit la guitare à ses fils Julian et Manuel, qui montrèrent immédiatement une affinité naturelle pour l'instrument.
Quand Julian eut 12 ans, la famille Arcas se déplaça à Malaga, peut-être attirée par le boom économique que la ville connaissait alors. Dans cette ville, il suivit l'enseignement de José Asencio, le guitariste préféré de Dionisio Aguado, qui suivait la méthodologie d'Aguado dans ses leçons, bien que nous puissions distinguer dans son propre travail une évolution appréciable vers des aspects romantiques. Nous pouvons supposer que Asencio, bien qu'issu de l'école classique de Aguado, a initié Arcas à la nouvelle mode musicale au moment de son apprentissage: le Romantisme.
A Malaga, Arcas devait établir des racines auxquelles il retournerait maintes fois durant sa vie, comme nous le verrons plus tard. Il était aussi un habitué du 'Salon d'Etude et de la Critique ' fondé par le fabricant de guitare Antonio De Lorca dans son atelier de Calle Carreteria. C'est aussi durant cette période que le guitariste célèbre Trinidad Huerta fut présenté à Julián Arcas. Après l'avoir entendu, étonné par sa compétence, le maestro félicita le jeune Arcas et l'encouragea à continuer ses études et à tenter une carrière dans la musique.
C'est ainsi qu'à Malaga et à 18 ans, il joua en public pour la première fois. Son triomphe le conduisit à Granada où il donna deux récitals également couronnés de succès. Il tenta sa chance directement à Madrid où il reçut à nouveau un accueil enthousiaste. Il fit suivre ces succès de sa première tournée de diverses villes espagnoles.
Au début des années 1850, alors qu'il donnait des récitals à Sevilla, il fut présenté à Antonio De Torres, un fabricant de guitare à temps partiel, né aussi à Almeria, mais qui résidait à Sevilla. Lors de cette rencontre, Arcas put essayer une guitare faite par Antonio De Torres. Il fut si impressionné par l'instrument qu'il complimenta l'ouvrage et suggéra à son auteur qu'il se consacre à la fabrication des instruments. Cette rencontre devait avoir un effet capital sur l'histoire de la guitare. Encouragé par l'enthousiasme de Julián Arcas, Antonio De Torres est devenu un luthier de guitare légendaire. Son prestige était si éblouissant et ses instruments si étonnants que la manière dont ils ont ont été faits et dans leur forme externe et dans leur conception interne, est devenue un modèle, voire une école et passa à la postérité comme un classique indiscutable.
Arcas et De Torres développèrent également une amitié qui dura toujours. Domingo Prat a écrit: "Arcas avait une influence décisive sur le travail de De Torres. Le changement définitif du format de la guitare résulte de leurs actions conjuguées."
A 20 ans, Julian Arcas était déjà un guitariste expérimenté, lancé dans une brillante carrière de concert. L'effet de son jeu virtuose était notoire. Un témoignage de son succès est ce commentaire de Mariano Soriano Fuertes, influent et réputé par son 'Histoire de Musique' : "(...) Il revendique d'une manière justifiable l'attention du public et des critiques, de la même façon."
Au Printemps de 1862, il participe, à nouveau, à un événement qui influencera l'histoire de la guitare. Après un concert à Castellón, un jeune garçon le stupéfie par l'habileté de son jeu. Le guitariste précoce était Francisco Tarrega. Impressionné par son talent exceptionnel, Arcas convainc le père du garçon de l'envoyer à Barcelone pour être son élève. Tárrega est resté éternellement reconnaissant à son maître, se considérant tel un disciple et un successeur.
En septembre 1862, Arcas donna un récital à 'Aspley House', la résidence londonienne du second Duc de Wellington. Le concert, patronné par le Duc lui-même, fut annoncé en première page du 'Times' qui publia à son issue des critiques élogieuses. Les Ducs de Cambridge ont alors invité à leur tour l'artiste. La Duchesse et sa fille, la Princesse Marie Adelaïde, le cousin de la Reine Victoria, invitèrent également Arcas à donner un concert à leur hôtel particulier à Brighton. Le 'Brighton Guardian' publia des éloges sur sa performance et la 'Brighton Gazette' décrivit son art comme plus grand que celui de Trinidad Huerta et de Giulio Regondi.
Au sommet de sa carrière, Arcas fut évalué par le critique de musique contemporaine qui était son biographe, Fargas y Soler : "Julian Arcas peut être considéré commme un digne défenseur de l'art de Sors et de Aguado; pour la pureté et la douceur qu'il tire des cordes de la guitare qu'il pince de la pulpe de ses doigts, acte inhabituel pour le joueur de guitare d'aujourd'hui; pour l'expression qui fait rivaliser ses notes avec la voix humaine; pour sa maîtrise technique et l'agilité de ses deux mains; pour l'homogénéité de sa sonorité dans les notes hautes et basses; et pour l'élégance de son enseignement."
De retour en Espagne, il continua ses tournées de concerts, allant d'abord à Barcelona, Granada et Sevilla. A Madrid, il fut acclamé au Palacio Real (Palais Royal), où il devint l'un des musiciens favoris de la reine Isabel.
En 1865, il voyagea à Gênes, accompagné par le Duc et la Duchesse de Montpensier. Au théâtre Apolo il donna deux concerts qui furent suivis de bien d'autres en Italie. A son retour, il entreprit une tournée de concerts au Portugal et en Espagne.
Peut-être en raison de la fatigue, due à sa vie agitée de concertiste depuis plus de 20 ans, ou peut-être par prudence, considérant l'instabilité économique et sociale que l'Espagne éprouvait à la veille de la Première République, ou peut-être par sympathie avec Antonio De Torres, qui était revenu à Almeira entre 1868 et 1870, il décida de se retirer de la vie musicale professionnelle. A Almeria, il se livra alors au commerce du grain, donnant des concerts sporadiques en 1873 et 1874, à Jerez de la Frontera, notamment.
Après l'échec de son commerce de grain, il revint à sa carrière musicale, donna quelques concerts à Almeria en 1876 avant de reprendre ses tournées à travers l'Espagne.
C'est au cours de cette seconde période artistique qu'il décéda à Antequera (près de Malaga) probablement d'une hémorragie cérébrale, le 16 février 1882.
- Partitions du domaine public
Sources:
guitare-diffusion.com