Kabalevsky, Dmitri(1904-1987-ru)

Musique moderne (première moitié du XXe siècle)
On désigne souvent par musique moderne la musique composée pendant la première partie du XXe siècle
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PRIVET Francis
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Kabalevsky, Dmitri(1904-1987-ru)

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Dmitri Kabalevsky (1904-1987)
  • Biographie
Dimitri Kabalevski est issu d'une famille d'intellectuels de condition modeste. Son père était mathématicien et travaillait à l'Assurance nationale. Il lui communiqua très tôt son goût pour la littérature, la peinture, la géographie, les sciences naturelles et la technique. À sa mère, il doit son goût précoce pour la musique. Il poursuit ses études secondaires au Premier gymnasium de garçons de Pétrograd. En 1918, sa famille s'installe à Moscou, redevenue depuis peu la capitale de la Russie, ville dans laquelle il entreprend en 1919 des études de piano à l'école de musique "Victor Selianov" (ultérieurement, "Institut Scriabine"), où il acquiert une bonne technique pianistique et fait montre de talent pour l'improvisation, effectue ses études secondaires, et suit en parallèle les cours d'une école de peinture. En 1922, à la demande de son père, il entre à "l'Institut Engels" pour y effectuer des études économiques et sociales — études qu'il n'entreprendra en fait jamais, ayant décidé au même moment de se consacrer entièrement à la musiqu —, tout en suivant parallèlement ses cours de musique à "l'Institut Scriabine". Il parlait couramment plusieurs langues étrangères, tout particulièrement l'anglais. Il intégra le Conservatoire de Moscou en 1925 et publia à cette occasion ses Trois préludes pour piano, son opus 1. Il eut Nikolaï Miaskovski comme professeur de composition et Alexandre Goldenweiser comme professeur de piano. Ses premières œuvres reconnues prennent forme à la fin des années 1920 : trois mélodies d'Alexandre Blok d'après les poèmes de ce dernier (1927), une sonate pour piano (1927), le Quatuor n°1 (1928) et un concerto pour piano (1928), une sonatine pour piano en ut (1930).

Du milieu des années 1920 au début des années 1930, une lutte farouche opposa l'Association pour la musique contemporaine (ASM), fondée en 1923 au sein de l'Académie nationale des arts, filiale russe de l'association internationale du même nom, et l'Association russe pour la musique prolétarienne (RAPM). Kabalevski ne fit jamais officiellement partie d'aucune de ces deux associations, mais il rejoignit, dès son entrée au conservatoire, le groupe PROKULL (Production collective des étudiants compositeurs), un groupe d'étudiants du conservatoire de Moscou cherchant à faire le lien entre les deux associations. Notamment avec son jeune collègue Vissarion Chebaline, il publia des articles dans la revue Musique de notre temps de l'ASM. Lors de la dissolution, en 1932, de ces deux associations et de leur remplacement par l'Union des compositeurs soviétiques, Kabalevski participa activement à la création de la section moscovite de cette organisation et occupa ensuite un poste d'administrateur de cette section. Kabalevski aurait, en 1934, été l'un des rares à oser prendre publiquement position en faveur de l'opéra Lady Macbeth de Mzensk de Dmitri Chostakovitch lors de son interdiction (qui faisait suite à la publication d'une critique très sévère de cet opéra, parue dans le journal La Pravda, article que l'on savait « inspiré » par Staline lui-même, ce dernier ayant ostensiblement quitté la salle du Bolchoï l'avant-veille, pendant la représentation de second acte de l'opéra). Mais il est également rapporté qu'en 1956, Kabalevski se serait, lors d'une réunion de l'Union des compositeurs et en présence de Chostakovitch lui-même, violemment opposé à la levée de l'interdiction de ce même opéra, compte tenu de « l'immoralité » (raison identique à celle invoquée par Staline) de l'héroïne1. Aucune de ces deux anecdotes n'est toutefois mentionnée dans le Témoignage controversé de Chostakovitch, publié par le journaliste Solomon Volkov. Kabalevski rendra un vibrant hommage à Chostakovitch en 1966, à l'occasion de son soixantième anniversaire.

Excellent pédagogue (il est nommé en 1932 professeur assistant de composition au conservatoire de Moscou et titularisé en 1939), il passera pour un musicien épris de l'enfance. Sa véritable personnalité apparaît dans ces œuvres pour piano à vocation pédagogique : Recueil de pièces faciles pour les débutants (1927-1940), De la vie d'un pionnier (1931), Trente pièces enfantines (1937-1938), Vingt-quatre morceaux faciles (1944), Deux Variations faciles (1944), Cinq variations faciles (1952), Quatre rondos faciles (1958), Six préludes et fugues (1958-1959), Trente-cinq pièces faciles (1972-1974). Deux sonatines, datant de 1930 (connue de nombreux jeunes pianistes) et 1933 complètent cette œuvre, sans oublier les Tableaux de l'enfance et sa rapsodie Le temps de l'École (1963, sur une comptine enfantine très connue en Russie. Il enseignera bénévolement la musique, jusqu'à la fin de sa vie, dans l'école primaire de son quartier. Dans ces petites formes, la simplicité de l'harmonie, le charme des thèmes séduisent le mélomane.

En 1940, Kabalevski devient une grande figure de la musique soviétique. Il est nommé cette même année président de l'Union des compositeurs soviétiques, un poste qu'il gardera jusqu'en 1948 quand il fut remplacé, par Tikhon Khrennikov, qui restera à ce poste jusqu'à la dislocation l'Union soviétique (1991). Membre du Parti communiste en 1940), rédacteur de la revue Sovietskaïa Mouzika, lauréat à quatre reprises du Prix Staline en 1946, 1949, 1951, et 1966), président de la Commission pour l'éducation musicale des enfants en 1962), Artiste du Peuple en 1963, président du Conseil scientifique d'Esthétique pédagogique à l'Académie des sciences pédagogiques de l'URSS en 1969), et Président de l'International Society of Musical Association en 1972). Toutefois, à la mi-janvier 1948, il fut accusé par Andreï Jdanov, en même temps qu'Aram Khatchaturian, Gavriil Popov, Sergueï Prokofiev, Dmitri Chostakovitch, Nokolaï Miaskovsky et Vissarion Chebaline, de « formalisme », la pire accusation que l'on pouvait porter contre un artiste pendant la période stalinienne. De tous ces musiciens, qui avaient tous peu de temps auparavant reçu au moins un prix Staline pour certaines de leurs compositions, Kabalevski fut le seul, au cours de cette séance tristement célèbre, à faire son autocritique publique. Par la suite, dans le décret du 10 février 1948, le nom de Kabalevski, contrairement à celui de ses confrères qui avaient été publiquement accusés en même temps que lui du même « crime », n'apparaît plus. Ce fait lui valut, jusqu'à la fin de ses jours, une farouche inimitié de la part d'un certain nombre de ses confrères, qui l'accusèrent, dès lors, « d'opportunisme ».

Il fait partie de la première génération des compositeurs soviétiques, mais il fut l'un des rares compositeurs majeurs de sa génération à avoir suivi les orientations de la politique officielle en matière de création musicale après les décrets Jdanov de 1948, orientations (« réalisme socialiste ») auxquelles il restera fidèle jusqu'à sa mort — même dans les années 1980 où ces orientations étaient totalement rejetées par presque tous les compositeurs, n'avaient plus d'appuis officiels et, de fait, allaient jusqu'à nuire à la réputation de Kabalevski. Son œuvre d'après guerre s'intègre en grande partie dans ce moule, trouvant une partie (mais une partie seulement) de sa source dans les formes d'arts musicales populaires de son pays (Jean Sibelius, Bela Bartok, Igor Stravinski, Heitor Villa-Lobos, Darius Milhaud, Benjamin Britten et bien d'autres, avant et après Kabalevski, sur tous les continents, au vingtième siècle, avec diverses motivations, firent de même...), mais n'ayant jamais gommé de celle-ci l'influence initialement subie (comme beaucoup de compositeurs soviétiques de cette époque l'ont "avoué" après la mort de Staline) de la musique française du Groupe des Six (tout particulièrement Francis Poulenc pour ce qui est de Kabalevski) et de Maurice Ravel, ainsi que de l'Avant-Garde russe émigrée à cette époque (Igor Stravinsky et Sergueï Prokofiev). Parmi ses œuvres les plus populaires, on peut citer ses quatre concertos pour piano (1929, 1935 ("à la Prokofiev..."), 1952 (son concerto pour piano le plus joué, où "l'esprit" de Francis Poulenc est particulièrement présent, concerto créé à Moscou par Alexis Weissenberg, alors âgé de 14 ans), 1975 (concerto "Prague")), son concerto pour violon (1948) et ses deux concertos pour violoncelle (1948-1949 et 1964), qui sont des œuvres empreintes d'un lyrisme intime teinté d'humour et de joie de vivre. Son œuvre symphonique comprend en outre quatre symphonies (1932, 1933 ("Requiem", sa symphonie N° 3 !), 1934 (sa symphonie la plus jouée, la N° 2 !) et 1956), une suite symphonique "Romeo et Juliette" (1956), une ouverture "Pathétique" (1960) et un poème symphonique "Le Printemps" (1960). Il est également l'auteur de plusieurs musiques de scène ("les comédiens" 1938-1940), de mélodies et de ballets. Il complètera, en collaboration avec Rostropovitch, le Concertino pour Violoncelle et Orchestre de Sergeï Prokofiev, commencé en 1952, que ce dernier n'avait pas eu le temps d'achever avant sa mort.

Sa musique de chambre représente peut-être le meilleur de sa création musicale : deux Quatuors à cordes (1928, 1945), trois Sonates pour piano (1927, 1945, 1946, les deux dernières créées aux États-Unis par Vladimir Horowitz en 1947 à New York), Vingt-quatre préludes pour piano (1943-1944), et surtout sa Sonate pour violoncelle et piano (1962), créée par son dédicataire, Mstislav Rostropovitch.

Les formes musicales plus développées (opéras) l'intéressent mais il s'y trouve peut-être moins à l'aise (ce n'est pas l'avis des Russes, qui les préfèrent généralement à ses œuvres instrumentales !), à l'exception de son opéra Le Maître de Clamecy ou Colas Breugnon, tiré par le librettiste Sigismund Krzyzanowski du roman de Romain Rolland (1937), profondément révisé en 1967–1968, œuvre d'une grande truculence et incontestablement très réussie. L'ouverture de cet opéra a été créée aux États-Unis par Arturo Toscanini, et il en existe de très nombreux enregistrements. Kabalevski a composé quatre autres opéras : Au feu, non loin de Moscou (1943), La Famille de Tarass (1947-1950), Nikita Verchinine (1953-1954) et les Sœurs (1967-1969), beaucoup moins connus que Colas Breugnon. Kabalevski est également l'auteur d'une opérette écrite en 1957, le printemps chante.

Les œuvres patriotiques composées pendant les années 1940 (La Grande Patrie, 1942, Les Vengeurs, 1942) ou par la suite (Les Léninistes, 1959, la lettre au XXXe siècle, 1972) n'ont, quant à elles, pas résisté à l'usure du temps.

En revanche, certains tiennent son Requiem En mémoire de ceux qui ont péri dans la lutte contre le fascisme, sur des poèmes de Robert Rojdestvensky (1962), pour l'une de ses œuvres majeures, comparable au War Requiem de Benjamin Britten ou au Dresdner Requiem de Rudolf Mauersberger.

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