Sanchez, Blas (1935-esp-contemp)

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ClassicGuitare
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Sanchez, Blas (1935-esp-contemp)

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Blas Sánchez est une référence fondamentale de l'univers culturel et musical canarien. Sa personnalité kaléidoscopique lui a permis de s’exprimer dans de multiples domaines. Très jeune, il s’initie à la musique populaire du village d'Ingenio, où il est né; où pour la première fois il entend des groupes de musiciens parcourant les rues en chantant leurs Folías et Tajarastes; où il s’intègre au groupe “Campos del Sur" dirigé par D. José Suárez, et où il est fasciné par un certain "Elías le manchot", ménestrel étrange et mystérieux pour ce garçon qui écoute tout et garde en mémoire ces Ranchos de Ánimas que plus tard il rassemblera et transcrira pour les sauver de l’oubli.

Il commence ensuite un itinéraire un peu plus orthodoxe, à l'internat San Antonio, (Las Palmas de G. C.) où il étudie le solfège et le violon, et fait ses premiers pas au contact des oeuvres de Mozart, Beethoven, Brahms. sp;

Il est premier violon du petit orchestre, dirigé par Gabriel Rodo, et entre dans le monde du violon à qui il dédie la plus grande partie de sa jeunesse. Avec une grande discipline, il devient un musicien sérieux et engagé par rapport aux œuvres qu’il doit jouer.

Il termine sa carrière à ce qui s’appelait alors le Conservatoire Professionnel de Tenerife, avec les qualifications maximales et en 1956, il part pour Madrid, ayant une bourse d'études du Cabildo Insular, pour des cours de perfectionnement.

Il a déjà composé beaucoup d’oeuvres et la guitare commence à être son moyen d’expression le plus habituel pour laquelle il compose ses Blasianas canarias.

Il alterne ses études avec les concerts comme violoniste et ses activités à Madrid ne cessent d’augmenter. C'est là, où pour la première fois il a des visites de son alter ego et hétéronyme, B. Praf, qui lui inspire des compositions et improvisations de style ancien. Comme si il s’agissait de quelqu'un de différent mais proche, grâce à ces apparitions existent de œuvres comme Variations sur Folias de España, Floreo sobre un Pasacalle español, Aires y danzas de otros tiempos (pour guitarrarpa), Divertimento canario où interviennent le timple, le requinto, la guitare et la guitarrarpa accompagnés par un Orchestre à cordes.

Il surgit également un autre hétéronyme, Fray Benedicto (B. Praf) et Pravinovich Bronner, journaliste russe fusillé par la OAS en Algérie, lui inspire des oeuvres pour violon.

A l’opposé de ceci, il reste toujours attentif et au contact de la réalité qui l'entoure, et il termine son étape à Madrid quand, distribuant quelques feuillets qui réclament la liberté d'expression, on lui rompt les cordes de son violon et de sa guitare, et il décide de partir pour Paris où l’attend un ami sculpteur Ángel-Péres, avec son imagination, son inséparable pentapusana (poulpe de cinq tentacules), une guitare et un violon comme seul bagages.

Et c'est là où commence l'aventure qui l’emmène à ce que lui-même appelle "Le voyage de 41 ans à l'intérieur d'une portée parisienne."

Son rythme de création infatigable continue, en même temps que des occupations sporadiques qui lui permettent de vivre. Ainsi, il s’unit aux peintres canariens de Montmartre, comme Julio Viera, donne des classes de chant en échange de nourriture, compose des chansons pour ses élèves, et forme un duo avec le pianiste César Morales avec qui il donne des concerts dans lesquels il inclut toujours quelques œuvres personnelles. Il chante à la Synagogue Libérale de la rue Copernic en hébreu, en russe et en Ambrosien à l'église orthodoxe de la rue Daru et en latin à Notre dame.

Malgré cette activité frénétique et infatigable, il trouve l'atmosphère de liberté et respect dont il a besoin et qui est propice à son monde créatif.

Côtoyant différents milieux, il collabore avec le luthier Emile Français, dans l’atelier duquel il teste des violons et où il coïncide avec le violoniste David Oïstrack, avec qui, plus tard, il prend des cours et établit une grande relation professionnelle.

En plus en 1960, il commence à collaborer avec un autre grand de l’époque, Jascha Heifetz, avec qui il joue à Tel Aviv le Concerto pour deux violons en ré m. de J. S. Bach.

Il joue également pour un ballet de danses Baroques, pour lequel il compose de nombreuses oeuvres, la composition étant devenue chose inhérente à sa tâche de musicien.

Plus tard, il commence son étape pédagogique augmentant sa créativité, l'adaptant et la développant à partir de et pour l'enseignement.

C'est au Conservatoire Municipal de Vitry sur Seine, en banlieue parisienne, qu’il va faire une intense carrière en tant que professeur de Guitare et Musique de Chambre.

Il se charge de mettre en place, de changer et de rénover l'enseignement musical pendant trente huit ans. La nouvelle forme d’enseignement individualisé et de participation qu’il développe dans ses classes, l’adaptant à chaque étudiant et créant continuellement des oeuvres pour lui, est ce qui occupe son temps pendant toutes ces années. Il crée, progressivement, au sein de sa classe, sa propre méthode d’apprentissage évolutif, méthode de groupe, stimulante, créative, non seulement technique, mais encore source permanente de surprises qui n’a rien à voir avec la routine ni avec des acquisitions sans base, méthode grâce à laquelle les élèves découvrent, expérimentent avec les sons et font partie de leur propre processus d’apprentissage, et, si ce n'est pas possible de les faire jouer de la musique, ils la chanteront.

Le monde pédagogique est le receveur de toute sa créativité, et ainsi, avec ses méthodes, il crée un corpus intéressant d’oeuvres pour guitare et de chansons.

Pour mentionner brièvement, sa première méthode L´ami du débutant, est publiée par Choudens en 1964, paraissent ensuite la Méthode Classique pour guitare et "Tecnica y Más", où il inclut beaucoup de ses études et œuvres les plus importantes, comme Folías de Ensueño, Suite Arpiana, Suite Iberoamericana, Siete Pinceladas, Rítmico Canario, Blasadas, parmi beaucoup d’autres.

Cependant, cette activité incessante n’est pas un obstacle au développement de sa vie de concertiste et de sa vie culturelle, ainsi, à Paris, il rencontre des gens remarquables comme Cortázar, Alejo Carpentier, Alberti, et, surtout, Pablo Neruda, avec qui il donne plusieurs récitals, accompagnant la lecture de ses poèmes. C'est à cet écrivain et poète qu’il dédie ses "Psaumes à Neruda", matérialisant ce qui va être une autre de ses aventures personnelles, toujours liée à la musique, et qui est la construction d'un nouvel instrument qu’il appelle la Guitareharpe de treize cordes, et une façon de l’accorder personnelle avec laquelle il va à la recherche d'autres sonorités et d’autres timbres.

La premières de ces guitarrarpas est faite par un gitan appelé Kico Dohër, avec les restes d'un vieux violoncelle, et fut une expérience qui se perfectionne avec celles de Castelluccia et Pappalardo, et enfin celle de Manuel Contreras.

Parmi les oeuvres pour cet instrument, nous devons signaler les Psaumes à Neruda déjà mentionnés, Archipels imaginaires, Fantaisie pour un homme seul, Communications avec orchestre de Chambre et percussion et le Concerto pour un Faycán, pour guitarrarpa et orchestre.

Ainsi, entre les recherches, les classes, les animations musicales, les concerts, il occupe ces années parisiennes, et a aussi l’énergie de fonder un ensemble de guitares de grand prestige “Octuor de Paris” comme qui participe chaque année au Festival de Normandie organisé par le Cercle Guitaristique d’Ile de France qu’il a fondé et plus tard, dans les années 80, avec ses élèves il forme le Guitar Consort de Vitry-Paris qui interprète principalement ses oeuvres.

Il organise des stages et des concours de guitare en France, y participent des étudiants de nationalités très diverses. Parmi ces événements relevons ceux de Normandie qu'il dirige pendant plus de 20 ans, ceux de Pologne, Cuba, Sénégal, le Concours panafricain du Togo, du Cameroun, ceux du Nord de l'Espagne. À l’heure actuelle il organise un Stage annuel dans sa ville d’Ingenio.

Mais cela n'a pas évincé son monde de compositeur. Cherchant d’autres langages, d’autres sonorités, de nouvelles expressions esthétiques répondant à son esprit créateur, naissent des oeuvres comme "Magma", pour baryton et petit orchestre qu'il donne en première à Paris avec des tableaux d'Ildefonso Aguilar; "Murmures d'un volcan", pour violon électrique, piano, guitarrarpa, percussion, et effets électroacoustiques; un oratorio actuel, "Le Canarien", pour orchestre à cordes, violon solo, baryton, choeur, récitants et percussion; "Alegatos con cabreo ma non troppo", toutes ces oeuvres répondent à un monde sonore propre révélant l’énorme capacité créatrice du compositeur.

N’oublions pas de citer un recueil de ses chansons pour enfants nommé "Le grand voyage."

Ainsi ont pris fin plus de 40 années que le maître a passé à Paris, pendant lesquelles sa motivation créatrice et pédagogique s’est cristallisée dans presque 2000 oeuvres.

Depuis son retour en l’an 2000, il se consacre à l’entretien et à l’amélioration de ce patrimoine, chez lui, siège de la Fondation qui porte son nom et qui est devenu un centre de rencontres culturelles. Il continue à composer pour ceux qui le lui demandent, révise ses propres oeuvres et se consacre à la sculpture.

Pour conclure, Blas Sánchez est un travailleur infatigable qui a transité par un univers personnel, de la curiosité à la créativité, et ainsi, se diversifiant sans jamais s’éloigner de ses objectifs, de son pentapus à sa guitarrarpa, il s’est affirmé dans ce qu’il a toujours cru et qui lui a permis d'être lui-même, avec liberté et indépendance, sans jamais adhérer à aucun groupe ou courant, il a imprégné toute son œuvre de comunicabilité et de vérité, faisant de lui-même un compositeur original et unique, passant par différents styles, il a su trouver, après un long chemin de recherches, une manière propre de s’exprimer au sein de sa complexe personnalité artistique.

Nous avons la chance de pouvoir profiter de son oeuvre, de sa musique, mais surtout, de sa grande qualité humaine.
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PRIVET Francis
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